L’apport réel de l’hypnose
Cette technique, dont l’efficacité est désormais prouvée dans la gestion de la douleur, contribue également à « réhumaniser » les soins. Explications.
PAR ANNE JEANBLANC

L’hypnose est une pratique de plus en plus répandue, non seulement pour le traitement de la douleur, mais également dans l’organisation des soins. Elle offre, selon le Dr Patrick Bellet – qui vient d’y consacrer un livre* et qui est l’un des organisateurs du 20e congrès mondial consacré à cette discipline, à Paris (du 26 au 29 août) -, « une capacité étonnante de modifier le rapport au temps, de le suspendre, de le ralentir ou de l’accélérer ». C’est pourquoi l’hypnose peut être d’une grande aide pour les soignants dans certains actes opératoires, dans les troubles chroniques et même dans le développement d’une relation entre soignant et soigné, pour « réhumaniser le lien ».
Plus qu’une technique, l’hypnose est une nouvelle manière de traiter les blessures de notre époque, burn-out, dépression, anxiété, rééducation, explique le spécialiste qui enseigne à l’université de Strasbourg et à la faculté de médecine de Marseille. « L’hypnose n’est pas thérapeutique en elle-même », précise-t-il. C’est un mode de pensée qui nécessite du temps. « Hélas, avec le retour en grâce de l’hypnose à visée thérapeutique, les opportunistes se ruent sur l’aubaine. Cette débauche d’ignorance et de démagogie qui recycle jusqu’à l’écœurement les pires stupidités qui avaient été oubliées depuis le XIXe siècle en est la rançon. N’oublions pas que les profiteurs qui en abusent exploitent la naïveté et la crédulité ou le simple goût du merveilleux du public », poursuit l’auteur.
Effets positifs scientifiquement prouvés
Pour bien remettre cette technique à sa juste place, le congrès de Paris – qui rassemble plus de 2 300 participants venant des cinq continents et 45 nations – propose de nombreuses conférences sur la (bonne) pratique clinique de l’hypnose, tant en chirurgie qu’en dentisterie, dans la lutte contre la douleur ou le sevrage tabagique, en obstétrique ou en pédiatrie. En effet, les effets positifs en matière de santé sont incontestables et désormais scientifiquement prouvés.
Dans son livre, le Dr Bellet raconte des exemples qui illustrent bien l’aide que peut apporter l’hypnose pendant les soins. M. J., par exemple, devait subir une ponction lombaire. Comme elle adore le foot, le thérapeute l’a emmenée soutenir son équipe fétiche du Real Madrid pendant la réalisation de cet examen. Elle n’aura aucun souvenir de la piqûre pourtant toujours redoutée. M. Q., elle, est venue aux urgences pour une crise d’asthme ne cédant pas aux médicaments. Elle a « tricoté une écharpe » sous hypnose, pour l’aider à reprendre son souffle.
Quant à M. C., il arrive avec des crises de coliques néphrétiques très douloureuses malgré les anti-inflammatoires. L’hypnose l’intéresse et il accepte une séance sur un parcours de golf ! Il en revient soulagé et raconte avoir tapé dans son caillou pour l’évacuer ! Finalement, conclut Patrick Bellet, les patients sont étonnés par cette approche novatrice dont ils ne connaissent pas grand-chose. Ils sont « surpris de découvrir cette capacité à développer des aptitudes qu’ils ne soupçonnaient pas en eux ». Mais, pour cela, ils doivent être pris en main par des spécialistes dignes de ce nom.